Dans les couloirs du pouvoir en Haïti, le Conseil Présidentiel de Transition danse au rythme d’une musique orchestrée par des mains invisibles. Anciens corrompus et nouveaux aspirants s’entremêlent dans une valse d’intérêts où la démocratie est invoquée comme un spectre, plus pour son illusion que pour sa substance. Dans ce carnaval des pantins, l’ironie et le cynisme peignent un tableau sombre de la réalité politique haïtienne.

Port-au Prince , le 1 mai 2024.- Avec l’audace d’un dramaturge qui dévoile les masques de ses personnages, le Conseil Présidentiel de Transition en Haïti expose sans gêne les fissures d’une prétendue démocratie. Sous les applaudissements réservés de la communauté internationale, le théâtre politique haïtien nous présente ses acteurs : des figures de la corruption passée, lavées de leurs péchés par les eaux troubles de l’opportunisme politique. Voici le décor où se joue la farce de la transition, une mise en scène où chaque acte semble plus préoccupé par le maintien du pouvoir que par le salut d’une nation en crise.

Dans l’arène politique haïtienne, un théâtre d’ombres se joue, où les figures de proue de l’ancien régime, marquées par des scandales de corruption et des accusations de blanchiment d’argent, retrouvent une virginité opportunément ignorée par leurs anciens maîtres occidentaux. Ces derniers, dans une comédie de la vigilance, semblent crier haut et fort: « Tonton Sam pa konn lague restavek li », faisant allusion à cette fidélité dérangeante à des serviteurs désormais acteurs au sein du Conseil Présidentiel de Transition.

Ce conseil, mandaté jusqu’au 7 février 2026, est devenu le théâtre où les marionnettes dansent sous les fils tirés par des mains invisibles. La sélection d’Edgard Leblanc Fils, ancien sénateur et président du Parti Politique OPL, en tant que chef du conseil par une majorité de secteurs, a été un coup de théâtre prévisible, éclipsant le bloc minoritaire composé de Lavalas, Montana, et du secteur privé. Cette scène révèle une fracture profonde et un jeu de pouvoir où les majoritaires semblent avoir le dernier mot avec une aisance déconcertante.

D’un autre côté, la réaction de la communauté internationale, qui félicite le choix de Leblanc Fils tout en rappelant les pantins à l’ordre sur le processus de désignation du Premier Ministre, sonne comme un rappel que le spectacle doit continuer, mais selon les règles. Ceux qui espèrent influencer le choix du Premier Ministre semblent jouer une partition désespérée, en minorité mais bruyants, tentant de modeler le futur à leur avantage.

Cet éditorial ne serait pas complet sans une mention de l’impudence avec laquelle certains, sur la plateforme X, dénigrent le consensus politique comme étant de la « merde », tout en se tenant trop près du tas pour ne pas être éclaboussés. Cela dépeint un paysage politique où le risque de corruption est non seulement élevé mais accepté comme un mal nécessaire par certains.

Dans cet éditorial déjà saturé de cynisme et de critique, il est essentiel de rappeler l’ironie mordante qui entoure les réactions des différents acteurs politiques. Crier au scandale quand le scandale ne vous est pas profitable expose non seulement une récalcitrance aiguë, mais trahit aussi un amour inavoué pour les pratiques autoritaires, celles-là mêmes que l’on prétend combattre.

 Chaque 7 février, ces mêmes acteurs célèbrent la victoire de la démocratie. Mais de quelle démocratie parlons-nous ? Une démocratie où les marionnettistes changent mais où les marionnettes dansent toujours au même rythme ? Cette hypocrisie dévoile non seulement des conflits d’intérêts mais aussi une lutte désespérée pour le pouvoir qui se drap de vertu seulement lorsque cela sert les intérêts de ceux qui critiquent.

Au final, alors que Haïti est déchirée par l’insécurité et une crise humanitaire sans précédent, les pantins du pouvoir continuent de pleurer pour plus d’influence et de contrôle. Cette farce politique, où chacun danse autour de la vérité et de la moralité, pose la question urgente : à quand la rupture? À quand l’émergence de ceux qui sont véritablement éveillés?

La réponse, hélas, semble être suspendue dans les coulisses de ce théâtre d’absurdités, attendant que le rideau se lève sur un nouveau chapitre de transparence et de changement véritable. Pour l’instant, les spectateurs, c’est-à-dire les citoyens haïtiens, doivent rester vigilants et exigeants envers ceux qui tiennent les rênes de leur destinée politique. Le bal des marionnettes doit finir, et la véritable danse de la liberté et de la réforme doit commencer.

Meranda Toussaint

deessedusiecle67@gmail.com

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