J’ai été (pour faire bon amateur de la toile) tagué avec 49 personnes par Delano Morel, le 30 mai 2022 dans une publication relative à l’élection présidentielle en Colombie titrée « Gustavo Petro, l’ex-guérillero aux portes du pouvoir » en support le lien https://www.sciencespo.fr/opalc/content/colombie-les-surprises-du-premier-tour-de-l-election-presidentielle?fbclid=IwAR2Kn6HzYQtzQYt9aZsk4TTocEp1avI5dTlcbh-_cYcXITuNF24i49zE9a8.

J’en remercie le « Kamarad Nono » car les approches psychologiques m’ont toujours fasciné. Cette démarche m’a « forcé » à revenir avec élégance sur une discussion qu’on a eu plus d’une année sur la « gauche haïtienne » par les questions de ses amis et leurs envies de propositions de Delano Morel, particulièrement, celles de notre ami commun Voltaire Jean s’inquiétant en deux exemples :
Voltaire Jean : « Delano Morel que faire pour placer notre Haïti sur la liste? »
Voltaire Jean : « Delano Morel d’accord ! Mais comment y arriver? Sur quoi bâtir, aujourd’hui, la nouvelle Gauche haïtienne? »
Delano Morel égale à lui-même, donc, en mode d’attaque, dans ses tranchées contre l’Etat-nation et promotionnant le monde rural haïtien m’interpella par cette réponse sans équivoque : « Voltaire Jean, il faut d’abord se débarrasser de ce folklorisme culturel, de ce fétichisme de Dessalines ou de 1804, ce stratagème utilisé par les nationalistes pour voiler la dimension révolutionnaire de la guerre de l’indépendance. C’est vraiment choquant de voir comment on est en train d’instrumentaliser cette question de l’escroquerie des puissances impérialistes (France, USA) à des fins bassement politiques. » Clap de fin !

Pour décortiquer les 8 lignes susmentionnées, je suis retourné comme Yves Patte à mes notes et surtout à un bijou de déconstruction de choses qui paraissent évidentes en matière de politique, « La délégation et le fétichisme politique » de Pierre Bourdieu. On y trouve posées les questions du pouvoir, de l’autorité, de la domination… Et, dans les détails, certaines contradictions qui permettent de cerner le choix du plus grand révolutionnaire de tous les temps, Jean Jacques Dessalines. Alice Gerard a largement fustigé l’instrumentalisation des grands hommes dans son article « Le grand homme et la conception de l’histoire au XIXe siècle » in https://www.persee.fr/doc/roman_0048-8593_1998_num_28_100_3288 : « Le XIXe siècle nationaliste et pédagogue a abondamment pratiqué le culte des héros, en France plus qu’ailleurs, et souvent avec la caution d’historiens éminents comme Augustin Thierry ou Michelet, ou de philosophes comme A. Comte. Cette consécration évoquée dans d’autres études, relève d’une pratique civique qui a ses finalités propres. La statuomanie qui en est résultée ne laisse pas préjuger néanmoins du statut assigné au grand homme dans la théorie et la pratique historiographiques de l’époque. Or, une rapide revue des grandes œuvres qui jalonnent le « siècle de l’histoire », d’Augustin Thierry et Guizot à Lavisse en passant par Michelet et Fustel, permet de constater que les historiens marquants de ce temps, romantiques ou positivistes, n’ont guère honoré la biographie, mais avant tout l’histoire des sociétés, des civilisations, des peuples, des institutions. Quant au philosophe français le plus original du siècle, A. Comte, il a construit son œuvre, la fondation théorique de la sociologie, sur l’évacuation de l’individu comme tel.
Tous ces auteurs se sont d’ailleurs expliqués sur les origines de cette conception d’ensemble. Après les bouleversements de la période révolutionnaire et impériale, ni les héros de Plutarque, ni même ceux de Voltaire ne répondaient à l’esprit du temps. La révélation de la puissance des masses, et par-delà, la fascination pour une obscure « force des choses », A noter que le rôle de l’individu dans l’histoire marque fortement la conception « orientale » de l’histoire. Loin de moi de faire de cette remarque une orientation, à suggérer un examen comparé des conceptions du grand homme dans les diverses cultures. Il serait passionnant, mais évidemment hors de propos, ici. N’empêche qu’une première remarque s’impose. Celle de se résigner à analyser ces interactions entre les genres qui s’occupent des récits de vie ainsi que l’inquiétude pour une représentation fidèle de la réalité, l’exactitude des données et le questionnement philosophique sur le concept de vérité dans la littérature haïtienne du XXIe siècle.

Pour appréhender le débat voulu par Nono, il faudra se résoudre à aller à quelques définitions de « ses » concepts, à des mises en évidence de quelques théories incontournables et enfin, à certaines appropriations.
a- Du folklorisme culturel.
Des chevaux assis dans une tribune pariant sur des hommes faisant la course. Est-ce envisageable par les hommes? Il faudrait en effet venir à ce genre de vue de l’esprit pour comprendre la formation de l’anthropologie haïtienne à travers son projet philosophique. Le nœud de la question, donc, est de l’utilité du folklorisme culturel. Aujourd’hui, on parle de folklorisme scientifique.
Une remarque-cadre. Christian Faure (1989) ne faisait-il pas du Musée National des Arts et Traditions Populaires (MNATP) un héritier de l’idéologie pétainiste parce que le musée étudiait les figures et acteurs de l’ethnologie et faisait le point de la période 1936-1945. Cette remarque donnait en effet au malaise général d’un musée autrefois prestigieux, mais passé de mode, une connotation idéologique qui nous semblait différente de la réalité de l’histoire du musée, de ses équipes successives et de sa politique scientifique et culturelle. Pourtant, ces présentations, innovantes sur les plans muséographique aussi bien qu’esthétique résultaient d’une conception rigoureuse et parfaitement scientifique placée sous le patronage intellectuel de Claude Lévi-Strauss qui en avait validé l’organisation générale, d’ailleurs souvent, à vrai dire d’une manière assez réductrice, qualifiée de « structuraliste ». Ce qui est assimilé, peut-être, par Nono de folklorisme culturel peut être apprécié comme faisant référence à l’instrumentalisation de la culture « populaire », laquelle selon les anthropologues sous ses traits matériels comme immatériels est une culture commune aux différentes composantes de la société, un langage implicite de la reconnaissance d’appartenances, de filiations, de ruptures. La comprendre, en connaître les principes de fonctionnement et de transformation, est une véritable leçon sur le « vivre ensemble », une possibilité supplémentaire d’apprentissage de la citoyenneté, qui dans toute démocratie ne peut se fonder que sur le plus large partage possible des connaissances.
Il n’est pas sans intérêt de faire remarquer que la démarche du critique (Nono) voire de l’analyste devrait s’astreindre, dans sa permanente mise en débat, au déploiement d’une rigueur intellectuelle exigeante – sinon, elle risque, au contraire de sa vocation spécifique (je le concède à mon ami), de devenir le vecteur de toutes les « pensées uniques » que les bien-pensants locaux désirent presque par nature diffuser sinon imposer, avec les meilleures intentions du monde. C’est vrai en tous temps et en tous lieux, avec, bien entendu, des risques et des enjeux plus ou moins graves…

b-Du fétichisme de Dessalines (donc, du grand homme) et de 1804 (une date fondatrice).
Le concept de fétichisme a été exclu du champ anthropologique par Marcel Mauss parce qu’il reposait sur un «immense malentendu» quant au culte des objets dans les sociétés d’Afrique noire. Pourtant, la réflexion sur le fétichisme ne désignait pas seulement une religion observable dans certaines sociétés supposées primitives, mais plus profondément un certain état de la pensée humaine, présent dans toutes les sociétés à tout moment du temps historique: ce qu’Auguste Comte appelait «l’état théologique ou fictif». Si le terme de fétichisme dérive du portugais feitiço et du latin facticius, il désigne aussi bien le «factice» – l’erreur, l’imposture, l’ensorcellement, le charlatanisme – que le «fictif» – l’imaginaire, le fabriqué, le féerique, le créé. La question que pose le fétichisme est, en effet, celle du type de vérité auquel peut prétendre un discours anthropologique mettant les faits en relation sans passer par une expérience subjective. Comment un savoir total sur l’homme est-il possible qui ne passe pas par l’expérience synthétisante d’un sujet? La fiction vient répondre à cette question constitutive du savoir moderne et de ses ambivalences.( Frédéric Keck)
Des questions affluent.
-Un révolutionnaire comme Dessalines peut-il être instrumentalisé dans la crise politique et axiologique de l’État haïtien ?
-Se servir d’une image ou d’une action ou encore d’une tranche d’histoire (l’illusion totémique) comme projet de totalisation déconstruit-il l’image du grand homme empêchant ainsi aux masses ou leur avant-garde (existant ou en construction) d’en faire une référence porteuse pour que l’histoire accouche d’un lieu de vie diffèrent ?
Nono gagnerait à être plus clair dans son rêve taxinomique.

c-Un nationalisme porteur de contre révolution
Je me demande si on ne doit comprendre le nationalisme comme angle d’approche de la société et de ses contradictions. Je m’excuse de me référer, uniquement, à des exemples de luttes internationales. La révolution selon le langage des stalinistes et nationalistes panarabes n’a d’autre perspective que l’émancipation nationale ; en réalité l’émancipation nationale est partie prenante du processus révolutionnaire, mais ce dernier ne peut y être réduit. Ici, repose la problématique essentielle entre une lecture réaliste du processus révolutionnaire, c’est-à-dire de par l’environnement – et ses contradictions – qui lui donne naissance, et une lecture théoricienne abstraite incapable de reconnaître que les hommes et les femmes arabes ou non-arabes de la région ne peuvent être réduit(e)s à une identité nationale (ou culturelle, religieuse, etc.). L’état-nation y est totalement étranger mais se démarquer par conformisme de toute référence nationale implique une renonciation totale à toute tentative de sortie des fers impérialistes devant conduire à un véritable mouvement révolutionnaire de masse dont la stratégie dépendrait de la conception de nouvelles théories. L’article de Jérôme Maucourant et Bruno Tinel, « La nation face à l’État et aux rapports de classe : quels enjeux contemporains pour la politique économique ? » est, dans ce cadre, significatif parce qu’il attire l’attention sur les contradictions entre l’Etat et la nation, tout en prenant en compte le fait que la société́ réelle est divisée en classes. Dans les limites spatiales de son territoire, l’État comme entité est, d’une part, conservatrice de la structure de classe et, d’autre part, dépositaire de l’intérêt national, lequel s’identifie à un au-delà des rapports classes. L’État est, donc, à la fois État de classe et État-nation. A noter que dans les sociétés de classes, l’État est par définition un État de classe : c’est l’entité qui permet la reproduction rationalisée de la structure de classe, c’est-à-dire l’ordre social, par le biais d’une administration. Dans ce sens, il contribue à la reproduction d’ensemble de la société dans ses aspect matériels, intellectuels et culturels. Cette thèse exprime une position largement partagée au sein du marxisme, elle a été en quelque sorte codifiée par Lénine dans L’État et la Révolution, puis reprise et perfectionnée par Poulantzas qui considère l’État comme l’arbitre des contradictions entre les fractions des classes dominantes, ce qui le rendrait relativement autonome vis-à-vis de celles-ci.
Le réquisitoire de Nono profiterait à articuler les faits sociaux actuels que sont la nation, l’Etat et les rapports de classes en prenant l’économie politique comme point de départ. Cf. Orwell, George, Fascisme & démocratie, 1941 / Écrits politiques (1928-1949) / Sur le socialisme, les intellectuels & la démocratie, Agone, Marseille, 2009, p. 168).
Je reprends Guy Bois qui rappelle que c’est sur « le terrain idéologique que la partie se jouera.»

d- De la gauche et de la perspective du ruralisme sauveur en trois rappels
-Voltaire Jean : « Delano Morel que faire pour placer notre Haïti sur la liste? »
-Voltaire Jean : « Delano Morel d’accord! Mais comment y arriver? Sur quoi bâtir, aujourd’hui, la nouvelle Gauche haïtienne? »
Pour suivre la séquence du débat, je questionne.
Qu’est-ce que la gauche ?
Quelles ont-été les paradigmes de l’ancienne gauche haïtienne ?
Quelle nouvelle gauche haïtienne ?
Ces questions annoncent plusieurs types de problème parce que cette orientation n’est plus qu’un sujet de fiction en Haïti ! Nono était choqué après la lecture du brouillon de mon livre « Comprendre pour sortir du chaos » affirmant dans la troisième partie, chapitre 4 : « que la gauche haïtienne n’existe pas ! » . Je n’ai pas touché à l’homme de gauche haïtien de mon ami qu’est Jacques Roumain ou Jacques Stephen Alexis ou Gérard Pierre-Charles ou encore, tous ceux qui ont le sentiment d’avoir toujours été politiquement de gauche. En Haïti comme (presque partout) ailleurs, « L’homme de gauche a meilleure réputation que l’homme de droite. On se proclame assez facilement « de gauche ». On l’indique dans votre nécrologie, ce qui permet de découvrir des hommes de gauche que leur parcours ne semblait pas désigner comme tels. On est plus réticent à s’annoncer comme homme de droite, on use de subterfuges linguistiques. Il est déjà beaucoup plus aisé d’être du centre, même du centre droit ; et l’on se proclame de la « majorité » si les circonstances s’y prêtent … Cette différence tient à ce que l’homme de gauche semble incarner le progrès et l’homme de droite la conservation et qu’il est plus valorisant d’être progressiste, d’être ouvert aux nouveautés que d’être conservateur. L’image souvent bonne de l’homme de gauche aurait dû lui permettre une vie heureuse et simple au cours du siècle. Il n’en fut rien et ses tribulations et ses vicissitudes ont été innombrables. Il n’a cessé d’être confronté à toutes sortes d’interrogations ou de choix difficiles que son statut l’empêchait d’ignorer. » (Jean-Jacques Becker). Le doute idéologique s’installe : Qu’est-ce que le socialisme ? Quel parti de gauche ? Qui s’interroge ? Qu’est-ce qu’un programme de gauche ? Existe-t-il des gauches en Haïti ? C’est incontestablement une force philosophique que d’être un parti ou un mouvement traversé par des doutes et des interrogations, où en est la « gauche haïtienne » ?
Quoiqu’il soit clair qu’il faille casser la vitrine pour accéder à l’essentiel, au lieu de questionner le sentiment d’appartenance, je m’arrêterai à la conscience. Elle est, en effet, un rapport établi entre un sujet pensant et ce qui constitue l’objet de sa pensée. C’est le mouvement par lequel le sujet gère le contact avec la réalité (intérieure ou extérieure) qui se présente à lui et à laquelle il donne un sens. C’est un mouvement d’appropriation ou de réappropriation de l’objet par le « je », le sujet pensant. Dès lors, la conscience active a le sens d’une conscience pratique qui ne se limite pas uniquement à observer un objet, qui ne s’inscrit pas dans un rapport passif avec son objet, mais qui se veut action pratique. La conscience active est un mouvement par lequel le sujet pensant tente de dépasser ou de transcender une situation donnée en agissant sur elle afin de rendre meilleure sa situation initiale. Il s’entend comme un processus de conquête par lequel l’exercice de la philosophie dans les pays « dominés » se veut une entreprise de conquête d’une liberté qui est essentielle à l’homme en général et au Noir (haïtien) en particulier. Cela d’autant plus que le Noir est un être humain pour qui, selon certains penseurs, la liberté pose de nombreuses difficultés quant à son application et cela pour des raisons souvent non justifiées, voire aberrantes.
Deux repères pour aller plus loin. Etre anti Duvalier est-ce Etre de gauche ? Etre antimilitariste ou encore anti Yankees, est-ce Etre de gauche après 1987 ?
D’autres questions interviennent. De quoi cette « gauche » a-t-elle hérité avant le renouvellement de l’extrême droite via les élections de 2010 ? De quels idéaux ? De quel récit? A-t-on jamais eu un peuple de gauche dans notre pays ? Pour être vraiment de gauche, la « gauche politique » doit revendiquer la mémoire et la dimension révolutionnaire de la guerre de l’indépendance ! (Pour reprendre Nono) Affirmer qu’il faut changer l’ordre du monde et agir sur le présent ? Que penser ? Que faire ? Je n’irai pas plus loin parce que « nos hommes de gauche » sont fragiles et susceptibles mais je rejoins Edgard Morin qui explique que : « Nous sommes sommés d’entreprendre un gigantesque effort de repensée, qui puisse intégrer les innombrables connaissances dispersées et compartimentées, pour considérer notre situation et notre devenir dans notre Univers, dans la biosphère, dans notre Histoire. »
e-Du ruralisme révolutionnaire.
Nono semble s’inscrire dans la voie du néo-ruralisme comme proposition de changement social (« Kontrèman a tout peyi Amerik latin sa e ak sa ki nan kontinan afriken yo, mwen panse nan riral ayisyen gen fom òganizasyon sosyal ki taka sèvi kom modèl, atout leta pa janm bay popilasyon sa enpòtans, menm lè konstitisyon 1987 vin rekonèt dwa sitwayen yo, sa pa chanje sitiyasyon yo, e kominote yo toujou rete vivan, ak tout kilti yo nèg lavil vle folklorize yo pou itilizasyon politik. » A y bien regarder, la force du monde rural serait le refus de l’individu de rester soumis à un certain type de reproduction des besoins. Le changement de l’intériorité est un enjeu fondamental pour attribuer au quotidien certaines finalités. Honnêtement, je ne voudrais pas m’aventurer à des commentaires tranchés sur le néo-ruralisme parce que toutes les recherches que j’ai effectuées en la matière m’indiquent que ce phénomène n’a pas, jusqu’à présent, été complètement analysé et il reste encore de nombreuses pistes de recherche. La raison en est peut-être que les méthodes d’analyse anciennes ne permettent pas l’étude d’un phénomène nouveau. Ainsi, par exemple, son double caractère individuel et social, est, pour l’instant, difficilement cernable par les analyses sociologiques habituelles. Il faut donc faire preuve d’imagination et chercher d’autres méthodes et concepts. Cf. Claude Mercier et Giovanni Simona, Le néo-ruralisme : Nouvelles approches pour un phénomène nouveau in https://www.persee. fr/doc/rga_0035-1121_1983_ num_71_3_2535 .
L’approche Nono dans nos discussions explique que : « Les conditions sociales en ville poussent à une perte de la signification des relations de l’individu avec l’altérité, une crise en quelque sorte d’identité, dans la mesure où l’individu, partie indivisible d’un tout, ne reconnaît plus le tout ni sa position dans le tout. A ce point de vue, le travail de la terre et l’artisanat restituent des liens avec le biologique ce qui rompt la logique à compartiments du quotidien urbain. Il rapproche l’homme de la matière, l’énergie humaine étant valorisée. La production visant à une autarcie partielle restitue la notion de la valeur d’usage. Le travail autonome permet à la créativité de s’exprimer par l’utilisation d’une information dynamique révisée à partir des pratiques du quotidien. Il existe une possibilité d’invention du travail. » Cette société parallèle, en tant que processus idéologique fondamentale pousserait-elle au réveil d’une conscience nationale (pardon) haïtienne ?
Mao étant passé par là, la quête d’une gauche serait-elle la prise de conscience de l’inadéquation des méthodes de lutte et des propositions de changement avec la réalité vécue par les masses laborieuses toute connotation confondue ?
Je me risquerais à avancer qu’il faudra sortir de l’indigence théorique en comprenant que les définitions diversifiées de la conscience de classe pour soi conduisent obligatoirement au renforcement de la crise du militantisme, attitude où les aspirations individuelles doivent être soumises aux directives du cerveau de la révolution, LE PARTI.

Je conclurais avec Gilles Willett qui, dans « Paradigme, théorie, modèle, schéma : qu’est-ce donc ? », rappelle que ces concepts soulèvent des questions philosophiques, ontologiques, épistémologiques et historiques très importantes. Ils sont souvent une source de confusion alors même qu’ils devraient être un point d’ancrage et un guide pour les praticiens de la recherche scientifique. Le but de ces remarques à Nono est, donc, modeste. Il a consisté à clarifier le plus possible ces termes en traitant de l’essentiel, en mettant l’accent sur ce qui permet de les différencier et leurs mises en perspective. Je prends la précaution de rappeler que toutes les ambiguïtés n’ont pas été levées. Ces ambiguïtés sont d’ailleurs le signe que l’évolution des connaissances est un processus perfectible, et que la science et les pratiques scientifiques ne sont pas un système monolithique. Ce texte se veut aussi un outil de compréhension et de réflexion mais ne refuse pas le débat. Cf. https://journals. Openedition.org/communicationorganisation/1873?lang=en

Post scriptum 1. Trois des premières interventions sous le « post de Delano Morel » relayant un article sur la Colombie : « Les surprises du premier tour de l’élection présidentielle ».
-Gabrielle Hyacinthe : « Une histoire se joue en Amérique Latine! »

  • Alix Aurélien Jeanty : « Gabrielle Hyacinthe. La gauche latino-américaine revient en force. On attend le Brésil parce que Lula demeure très populaire, d’autant qu’il a été blanchi de toutes les accusations portées contre lui.
    -Voltaire Jean : « Delano Morel que faire pour placer notre Haïti sur la liste? »
    Je leur ferais remarquer avec Edgardo Manero que la situation est loin d’être homogène, ces mouvements convergent en abordant conjointement deux points fondamentaux du désordre global : la question sociale marquée par les inégalités et la question nationale, qui, dans les sociétés périphériques, se traduit aussi bien dans la cohabitation selon des critères égalitaires et solidaires, des différences linguistiques, culturelles et ethniques que dans la recherche d’une réappropriation de la souveraineté aussi bien nationale que populaire. Les divers mouvements manifestent des projets politiques différents, mais qui font preuve d’une identité commune dans la volonté de défendre une conception de l’intérêt national enracinée dans la souveraineté. Ils s’inscrivent dans une tradition profondément latino-américaine : interpeler la Nation au nom de la gauche. Pour approfondir, aller à « Amérique latine, des gauches qui bifurquent ? » in https://journals.openedition. org/nuevomundo/59959
    Post scriptum 2. En ce qui a trait à l’ « approche nonoesque » de la rançon de l’indépendance (« …c’est vraiment choquant de voir comment on est en train d’instrumentaliser cette question de l’escroquerie des puissances impérialistes ( France, USA) à des fins bassement politiques »), au risque d’être incompris, je réfère les intéressés à mon article « A propos de la rançon de 1825 et autres chantages ! » paru sur ma page facebook.com le 24 mai 2022. Ma conclusion dans le cadre de ce que j’appellerai le « syndrome de Saint Domingue » : « Ce n’est en effet pas d’abord sur le terrain de l’idéologie que les luttes idéologiques se jouent, se perdent ou se gagnent. Les idéologies, les systèmes d’évidences, ne flottent pas en l’air en surplomb de la réalité ; bien au contraire, elles en sont l’expression spontanée. Comme on l’a rappelé à propos du mécanisme idéologique du fétichisme, elles expriment l’apparence réelle du monde, tel que, à travers ses structures objectives, il se donne à voir. L’histoire s’accélère … A continuacíon…
    CQFD…Pour sortir de l’auberge, il faudra se résigner à y entrer ! «
    Post scriptum 3. « J’aurais pu faire plus court, c’est vrai ! »

Pétion ville, le 1er juin 2022

Muscadin Jean-Yves Omraam Jason
KEITA Prince du Mande
Responsable Technique de l’Observatoire de la Décentralisation et de la Gestion des Risques et Désastres en Haïti (ODGRDH)
Consultant des Grandes Questions d’Anthropo-Sociologie et de politiques publiques
Modélisateur en Administration locale ET en Prévention des Risques et Désastres
Spécialiste en : -Organisation et Méthode / -Education / -ArchivEconomie / -Gestion des risques /-Conception et Réalisation de projet
fondasyonalo2054@gmail.com
acsf2002@gmail.com
hayti2054.e-monsite.com

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