Comment comprendre la lutte anti colonialiste avec Frantz Fanon
Pour commencer, qui est Frantz Fanon? Il est psychiatre français martiniquais, qui a vécu de 1925 à 1961 et immortalisé en Algérie pour sa contribution au côté du Front de Libération Nationale contre le colonialisme français. En plus d’être un professionnel, Fanon était un penseur, essayiste qui a marqué son temps et qui a participé activement dans la lutte anticolonialiste. Au cours de la guerre d’Algérie, Fanon a travaillé comme psychiatre en Algérie et il a mené une lutte scientifique, académique et politique afin de démonter les mensonges accrus du système colonialiste qui fait croire que le Nord-africain est un débile hystérique avec des pulsions homicides imprévisibles.
Son ouvrage, les damnés de la terre, dernier avant sa mort d’une leucémie, préfacé par Jean Paul Sartre, met en lumière les stratagèmes du système colonial pour maintenir l’homme colonisé dans son état de domination et les enjeux liés à la réalité économique des colonies contrôlées par une bourgeoisie étrangère. D’ailleurs pour lui, il n’existe pas de bourgeoisie dans les anciennes colonies, ce sont juste des petits groupes qui profitent des anciennes balises colonisatrices pour continuer à s’enrichir.
Avant de vous livrer l’essentiel de cet ouvrage, je trouve pertinente une partie de la préface de Jean Paul Sartre qui disait ceci à propos du livre :
Le tiers monde se découvre et se parle par cette voix. On sait qu’il n’est pas homogène et qu’on y trouve encore des peuples asser-vis, d’autres qui ont acquis une fausse indépendance, d’autres qui se battent pour conquérir la souveraineté, d’autres enfin qui ont gagné la liberté plénière mais qui vivent sous la menace constante d’une agres-sion impérialiste. Ces différences sont nées de l’histoire coloniale, cela veut dire de l’oppression. Ici la Métropole s’est contentée de payer quelques féodaux : là, divisant pour régner, elle a fabriqué de toutes pièces une bourgeoisie de colonisés ; ailleurs elle a fait coup double : la colonie est à la fois d’exploitation et de peuplement.(Extrait du préface de Jean Paul Sartre )
Dans son essai Les damnés de la terre Fanon écrit que l’homme colonisé doit également veiller à la liquidation de toutes les non-vérités fichées dans son corps par l’oppression. En quoi consistent ces non-vérités et d’où viennent-elles et comment les liquider? Les non-vérités dont Fanon fait mention sont un ensemble de manœuvres, fausses croyances et de théories mises en place par le système colonial qui ne font que « dépersonnaliser » l’homme colonisé. Il identifie trois façons dont ses prétendues vérités sont véhiculées à savoir : l’administration civile coloniale, l’occupation militaire et l’exploitation économique. Parmi les formes les plus pratiquées que prennent les non-vérités, elles prétendent que le noir, l’algérien et le vietnamien sont des paresseux. Ils ont aussi affirmé des non-vérités qui font en sorte que le colonisé devient un élément naturellement mauvais. « L’algérien, affirme-t-on est un criminel né. Une théorie fut élaborée, des preuves scientifiques apportées. » Ces théories ont été malheureusement enseignées et transmises sur plusieurs paliers de savoir jusqu’à être intériorisées et voire légitimées.
En plus, que les non-vérités présentent le colonisé comme un élément intimément mauvais, les colonisateurs avancent aussi des inventions scientifiques pour expliquer que le damné ( l’homme noir, l’algérien … ) est biologiquement limité. Il n’est pas un homme comme les autres.
C’est dans ce contexte paradoxal que Frantz Fanon lance un cri de cœur et insiste pour que le colonisé agisse en homme vigilent. Il conclut en disant que : « la criminalité de l’algérien, son impulsivité, la violence de ses meurtres ne sont pas la conséquence d’une organisation du système nerveux ni d’une originalité caractérielle mais le produit direct de la situation coloniale. »
Pour s’en sortir, le colonisé devrait avoir un double objectif selon Fanon qui serait d’œuvrer pour arriver à abolir le système de domination et dans la même veine, « veiller à la liquidation de toutes les non-vérités fichées dans son corps par l’oppression » par une déconstruction des fausses théories et une réticence à l’égard des colonisations.
En ce XXIe siècle, les nom vérités prennent plusieurs autres formes et sont manifestées sous diverses formes à savoir, domination et appropriation culturelle, répression physique sur les immigrants, domination diplomatique etc. Comme du temps de Fanon, la libération des peuples dominés passe part l’identification passe par la création d’une identité collective, l’émergence d’une nouvelle forme d’éducation, la création d’une bourgeoisie nationale et la résistance manifeste à l’égard des non-vérités.
Lefabson Sully, étudiant
Département de sociologie de l’Université de Montréal