Depuis une dizaine d’années, l’expression « faire du social » devient courante pour tout expliquer en Haïti.
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L’expression faire du social est beaucoup utilisée aujourd’hui par des gens qui sont accusés par la justice ou par des groupes de personnes qui manifestent pour tenter de défendre ces gens.
Que signifie faire du social? Tout d’abord qu’est-ce que le social?
C’est une notion abécédaire en sociologie qui définit tout phénomène qui a rapport à la société ou à un groupe d’individus.
Par exemple on parle de lien social, de rapport social, de vie sociale, de phénomène social, d’action sociale voilà pourquoi, il est courant de dire là où il y a du social, le sociologue peut sociologiser car son rôle est généralement d’expliquer le social.
« La sociologie est pour moi une science qui nous aide à mieux comprendre et à expliquer ce qui nous paraît incompréhensible dans notre existence sociale. » Norbert Elias
Alors, maintenant que signifie faire du social? Les chercheurs ne s’entendent pas encore sur une définition de cette notion cependant faire du social va dans le sens de faire du bénévolat, de supporter les actions d’un organisme sans but lucratif et travailler dans le social est proprement lié au travail social.
En Haïti, j’ai souvent entendu des élus qui clament qu’ils font du social. À l’époque, députés et sénateurs justifiaient par toutes les formules les entrées et sorties de fonds de leurs bureaux (montants en cash, ou chèques de la part du palais national) même si c’étaient des rapports abracadabrants.
Pour bafouer tout le monde ils disaient toujours qu’ils font du social. Selon moi, ce sont des explications bancales.
Des gens de tout acabit, de profils divers, politiciens, religieux et notables font du social.
En 2022, il n’y a pas d’élus pour faire du social en Haïti, ce sont des gens qui sont interpellés, prévenus, accusés et même détenus qui disent qu’ils font du social.
Des individus qui ont des groupes armés illégaux sous leur contrôle, des gens qui sont arrêtés et évadés de prison à plusieurs reprises, voilà des gens à profils brouillardeux qui disent font du social et se comportent comme de grands protecteurs des secteurs qui sont parfois appelés des zones de non-droit.
Honnêtement, mes chers compatriotes, il ne faut pas faire ça à un pays. Je pense qu’il y a dans cette situation, un paradoxe, un amalgame et même des non-sens.
Pourquoi, c’est parce que faire du social, n’a jamais été faire des abus, ce n’est pas torpiller, kidnapper du monde sous prétexte de protéger un autre groupe.
Là où faire du social en Haïti fait plus peur c’est quand des gens de la population, des habitants de certains quartiers manifestent pour affirmer leur solidarité à celui qui prétend faire du social, pour confirmer effectivement qu’ils sont des bénéficiaires des divers actes (bienfaiteurs) de ces faiseurs de social.
A ce moment, ce phénomène devient préoccupant, les chercheurs en sciences sociales diraient qu’il y a moyen de problématiser.
En faisant le lien avec faire du social de certains élus de la belle époque et faire du social de ces gens, je ne vois pas de différence car même s’ils tentent de justifier la fin de leur acte, les moyens sont le plus souvent illégaux, dommageables et pernicieux.
Lefabson Sully