Droite et Gauche : un débat sans frontières, pour reprendre Alain Noel. Les idées charriées par ce couple ont des racines jusque dans la philosophie antique, mais la notion même du clivage Droite-Gauche telle qu’elle est conceptualisée, c’est-à-dire, la façon dont elle structure le débat politique, ne remonte qu’au 18e siècle, précisément dans l’assemblée française. Les partisans du roi siégèrent à droite, et les opposants, à gauche. Depuis, ce débat allait devenir une ligne de partage universelle.
La Droite et la Gauche reposent sur deux ontologies différentes. L’une a une vision pessimiste de l’individu, considéré comme étant animé et motivé par l’égoïsme, la jalousie, la cupidité. – Un être foncièrement mauvais, parce que dominé par la rivalité, l’envie et la peur. Sans un gouvernement autoritaire, les hommes lui apparaissent condamnés à vivre dans un état de guerre permanente, où tout homme serait ennemi de tout homme. D’où la nécessité d’un État fort pour protéger la propriété privée, éternellement menacée pour des raisons susmentionnées.
La Gauche, repose sur une anthropologie plutôt optimiste de la nature humaine- l’homme est ainsi considéré comme un être plein de bienveillance, de générosité et de bonté. Dans cette perspective, la propriété privée n’était que vol et usurpation, et se trouvait à l’origine de tout ce qui était corrompu dans la société (Noël, 2010. P41). Pour la Gauche, les problèmes viennent plutôt de l’organisation de la société, qui engendrent des inégalités et peut corrompre le caractère des individus. Seules les solutions collectives et publiques sont susceptibles de répondre adéquatement à des problèmes qui sont sociaux(ibid.)
La droite défend des valeurs de liberté. Puisque la liberté est fondamentale pour la droite, l’État doit être de moins en moins présent pour ne pas se révéler un obstacle à l’expression de la liberté individuelle. La démarche du néo-libéralisme est une démarche de Droite.
Le néolibéralisme, faut-il le souligner en passant, désigne le courant de pensée et de politiques économiques qui s’est implanté à partir de la fin des années 1970 en grande bretagne et aux État- unis, pour se généraliser à l’échelle mondiale au cours des deux décennies suivantes et régner dès lors en maitre absolu, prétendant soumettre toute l’activité économique et sociale aux seules lois du marché. Ses mots d’ordre sont : libéralisation complète des échanges de marchandises et des mouvements de capitaux, rationalisation, flexibilité du marché, globalisation, rôle minimal de l’état, hégémonie du secteur privé, réglementation minimale. (Gill, 2002, Donc, le clivage gauche/droite reste et demeure les catégories analytiques les plus structurantes du débat politique contemporain. Ce clivage, traverse les frontières géographiques. De l’orient à l’occident, il intègre le débat politique, jusqu’à enflammer les passions les plus folles, et engage des oppositions les plus fortes entre conservateurs, réformateurs ou révolutionnaires, ou entre bourgeoisies et masses populaires, ou bref entre ceux ou celles qui acceptent le statut quo, tel qu’il est, et celles ou ceux qui décident de se battre pour le changer. Et vous, de quel côté, vous vous situez : à gauche ou à droite du roi- si vous me permettez cet anachronisme Ɂ
Références
Gill. L. (2002). Le néolibéralisme. Chaire d’études socio-économiques de l’UQAM.
Noël, A., Thérien J. (2010). La Gauche et le Droite : un débat un sans frontières. Champ libre.